À la fois illustratrice à son compte et préposée au rayon indé d'une librairie BD située à quelques encablures du Vieux-Port, Anne-Sophie Lacombe empile les expériences dans le domaine du design graphique à Marseille.
À 26 ans et fraîchement diplômée en communication visuelle et design graphique, Anne-Sophie Lacombe est une habituée du réseau alternatif marseillais. Amatrice d'une scène rock et noise en ébullition, la graphiste peut être aperçue du côté de l'Asile 404, sorte d'espace de création ultra-polyvalent pour fêtards avertis, où elle est bénévole de temps à autre. Pour la faire courte, la vadrouille urbaine, elle connaît. Pourtant, cette originaire de Grasse, sur la côte d'Azur, a bien failli quitter la cité phocéenne il y a peu pour les Cévennes. Une histoire d'atelier de sérigraphie avec une copine. « Je sature de la ville. C'est assez agressif comme environnement. En habitant en ville, je manque de temps et de liberté pour l'illustration. Je me laisse facilement embarquée… » Embauchée depuis septembre dernier dans une maison d'édition spécialisée dans le neuvième art, cette férue de Moebius et Druillet a reporté ses envies d'ailleurs à plus tard. « J'apprends à découvrir le monde du comics, et les codes d'un univers geek qui reste encore assez obscure sous certains angles... » Il faut dire que l'Antre du Snorgleux est dans la place depuis plus de vingt ans. C'est dans cette petite librairie indépendante marseillaise qu'Anne-Sophie remaquette, met en bulle et façonne BD, comics et mangas pour remplir son frigo. En dehors, l'illustratrice laisse parler sa créativité sur des projets persos. Version autoentrepreneur. Influencées par les estampes japonaises, le milieu du tatouage et le mouvement de Memphis, ses productions se caractérisent par un équilibre maîtrisé des contrastes et des tons. Entre les noirs, les blancs, les gris. Toujours. « La couleur, ce sera le niveau deux. » La sérigraphie semble être le procédé privilégié. « Pour le caractère intouché du rendu d'une série. Mais aussi parce que c'est quelque chose que l'on fait et gère soi-même. Le fait de manipuler du matériel, graver sa plaque, c'est un peu comme un rituel au final. Et une bonne alternative entre la copie et l'original. » Une bonne manière également d'aborder et de sublimer le mystique chez le féminin et la nature, des thèmes chers à l'illustratrice, en les magnifiant dans un imaginaire narratif et poétique façon écoféminisme.